Le capture rate solaire est un indicateur qui gagne en importance à mesure que la part du photovoltaïque augmente dans le mix électrique. Il mesure la valeur moyenne de l'électricité solaire sur le marché, en comparant le prix effectivement obtenu pour cette production aux prix moyens du marché de gros (day-ahead).
Plus concrètement, il s'agit d'une moyenne pondérée : on regarde les prix horaires du marché en tenant compte de quand le solaire produit. Si la production se fait souvent à des heures où les prix sont bas, alors le capture rate baisse.
Parce qu'un capture rate élevé signifie que les producteurs solaires arrivent à vendre leur électricité à un prix intéressant. À l'inverse, un capture rate faible indique que le marché "valorise mal" la production solaire, souvent parce qu'elle est trop abondante à certains moments de la journée. Et c'est justement ce qu'on observe depuis quelques années.
Pour les développeurs de projets photovoltaïques comme nos clients GLHD et Terapolis, comprendre cette dynamique est devenu crucial pour établir des business plans réalistes et sécuriser les financements. Le capture rate influence directement la rentabilité des projets et doit être intégré dès la phase de conception dans les modèles économiques.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes et révèlent une tendance préoccupante pour l'économie des projets solaires :
Le capture rate ne se comporte pas de manière uniforme tout au long de l'année. Les variations saisonnières sont significatives : en été, lorsque la production solaire atteint son maximum mais que la demande d'électricité est relativement modérée (notamment dans les pays tempérés où le chauffage électrique est peu utilisé), le capture rate peut descendre sous la barre des 40 %. À l'inverse, en hiver, où la production est plus faible mais la demande plus forte, le capture rate peut remonter à 70-80 %.
Ces variations posent un défi particulier pour les modèles de financement des projets. Les revenus ne sont pas seulement variables d'une heure à l'autre, mais également d'une saison à l'autre, avec une concentration de la production (mais pas nécessairement de la valeur) durant les mois d'été.
Par ailleurs, les différences géographiques sont importantes. Les pays où la pénétration du solaire est la plus forte (Allemagne, Espagne, Italie) connaissent les capture rates les plus faibles. En France, bien que la situation soit encore moins critique, la tendance est clairement à la baisse à mesure que de nouveaux parcs sont raccordés.
Ce phénomène pose une vraie question : plus on installe de solaire, plus l'électricité produite vaut moins sur le marché. C'est le cœur du paradoxe : la croissance d'une énergie décarbonée entraîne une dévalorisation relative de sa propre production.
Et cela a des conséquences importantes :
Ce phénomène économique est parfois appelé "cannibalisation de valeur". Chaque nouveau mégawatt solaire installé contribue à réduire la valeur de tous les autres mégawatts solaires déjà en place. C'est un effet systémique qui s'accentue exponentiellement avec le niveau de pénétration : passer de 5 % à 10 % de solaire dans le mix a un impact bien moindre que de passer de 20 % à 25 %.
Pour les développeurs de projets, cela signifie que les hypothèses de revenus doivent être constamment réévaluées. Un projet conçu il y a trois ans avec un capture rate projeté de 85 % pourrait aujourd'hui ne réaliser qu'un capture rate de 65 %, ce qui peut compromettre sa viabilité financière si les hypothèses initiales n'ont pas été suffisamment prudentes.
Les institutions financières sont de plus en plus attentives à cette problématique. Les banques et les fonds d'investissement qui financent les projets photovoltaïques intègrent désormais systématiquement des scénarios de baisse du capture rate dans leurs analyses de risque. Cela se traduit par des exigences accrues en termes de garanties, des taux de financement potentiellement plus élevés, ou la nécessité de sécuriser des contrats d'achat long terme (PPA) avant d'obtenir un financement.
Pour les agrégateurs comme notre client TotalEnergies Flexible Power Solutions, cette situation crée à la fois un défi et une opportunité : le défi de gérer un portefeuille de production dont la valeur se dégrade, mais aussi l'opportunité de proposer des services à valeur ajoutée pour optimiser la valorisation de cette production.
Aujourd'hui, le capture rate est un indicateur qui met en lumière la nécessité d'adapter le design du marché électrique. Pour mieux intégrer les énergies renouvelables, plusieurs pistes sont sur la table :
Autrement dit, le solaire n'a pas seulement besoin de surfaces et de soleil, mais aussi d'un marché capable de le valoriser correctement.
Le couplage du solaire avec des solutions de stockage par batteries est l'une des réponses les plus prometteuses au problème du capture rate. En permettant de décaler la production vers les heures où les prix sont plus élevés (typiquement en début de soirée), le stockage peut significativement améliorer la valorisation de l'électricité solaire.
Les projets "solar + storage" se multiplient en Europe, avec des configurations où les batteries peuvent stocker une partie de la production de milieu de journée pour la restituer lors du pic de consommation du soir. Selon les configurations, cela peut permettre de relever le capture rate de 15 à 25 points de pourcentage, ce qui change radicalement l'équation économique du projet.
Toutefois, le stockage a un coût, et l'arbitrage économique dépend fortement de l'évolution des prix des batteries, de la volatilité des prix du marché, et des réglementations en vigueur. Dans certains pays, des mécanismes de soutien spécifiques au stockage commencent à émerger pour faciliter le déploiement de ces solutions hybrides.
Une autre réponse au problème du capture rate consiste à contourner le marché de gros en favorisant l'autoconsommation. Les projets agrivoltaïques développés par nos clients illustrent parfaitement cette approche : en produisant de l'électricité sur site pour alimenter des exploitations agricoles, des serres, ou des installations de transformation, on valorise directement la production au prix de détail plutôt qu'au prix de gros.
Les modèles d'autoconsommation collective, qui se développent progressivement en France, offrent également des perspectives intéressantes. En permettant à plusieurs consommateurs de partager la production d'une installation locale, ces dispositifs créent une forme de micro-marché où la valeur de l'électricité solaire est mieux préservée.
Pour les développeurs de projets, cela implique de repenser la conception même des installations : plutôt que de maximiser uniquement la production (en orientant plein sud), il peut être pertinent d'optimiser le profil de production pour qu'il corresponde mieux au profil de consommation local, quitte à sacrifier quelques pourcents de production totale.
Le capture rate solaire n'est pas qu'un indicateur technique : c'est le reflet d'une transition énergétique qui transforme en profondeur les marchés de l'électricité. Pour les acteurs du secteur, comprendre cette dynamique et s'y adapter est désormais une condition de survie.
Chez Kuartz, nous accompagnons les développeurs de projets, les exploitants et les agrégateurs dans cette transformation. Que ce soit à travers notre plateforme Sunday pour la gestion de projets EnR, nos solutions de supervision pour l'exploitation, ou nos services de conseil et d'intégration d'intelligence artificielle, notre objectif est de vous donner les outils pour naviguer dans cet environnement de marché complexe et en constante évolution.
La baisse du capture rate n'est pas une fatalité : c'est un signal qui invite à innover, tant au niveau des technologies (stockage, pilotage) que des modèles d'affaires (PPAs sophistiqués, autoconsommation) et des outils de gestion. Les acteurs qui sauront anticiper ces évolutions et s'équiper des bons outils digitaux seront ceux qui réussiront dans la nouvelle économie de l'énergie solaire.
Vous souhaitez en savoir plus sur la manière dont nos solutions peuvent vous aider à optimiser la valorisation de vos projets photovoltaïques ? Contactez notre équipe pour échanger sur vos enjeux spécifiques.