Le marché spot de l'électricité en septembre 2025 a atteint un jalon significatif. Il s'inscrit dans la tendance de stabilisation observée tout au long de l'été, mais il se distingue par l'apparition d'une déflation tarifaire aiguë.
Bien que cette chute des prix témoigne d'une résilience retrouvée pour le système électrique, les mécanismes de valorisation des énergies renouvelables (ENR), et notamment l'éolien, ont été, eux, mis à rude épreuve. L'analyse de ce mois révèle que l'abondance de l'offre et une demande modérée ont créé ces conditions de prix historiquement faibles, tout en soulignant un besoin impératif de renforcer la flexibilité pour mieux gérer cette abondance.
Le prix SPOT est l'indicateur fondamental du coût du MWh échangé à très court terme sur des plateformes comme l’EPEX SPOT. L'évolution de ce prix en septembre est la preuve la plus claire du rééquilibrage du marché.
Le prix EPEX SPOT moyen s’est établi à 38,17 €/MWh. Ce niveau est extrêmement significatif, car il symbolise une nette accélération de la déflation tarifaire.
De plus, la volatilité globale est restée contenue. L'écart maximal entre les prix quotidiens (le spread intra-journalier) a été de 148,49 €/MWh, en légère diminution par rapport à la période précédente. Une volatilité maîtrisée est un signal positif, car elle simplifie la gestion des risques et la planification pour les fournisseurs, agrégateurs et industriels.
Le phénomène des prix négatifs, survenu lorsque l’offre excède brutalement la demande, a connu une évolution significative entre août et septembre.
Le fait que la moyenne de période avec prix négatif ait diminué confirme que les épisodes de surplus ont été plus courts, mais plus intenses.
Septembre a mis en lumière une tension croissante entre la performance physique et la performance économique des parcs de production renouvelable. La performance économique est mesurée par le prix de capture, c'est-à-dire le prix moyen effectivement obtenu par la filière pour son électricité.
L'éolien a bénéficié de conditions physiques très favorables, son Facteur de charge éolien ayant bondi à 20,94 %. Ce niveau élevé témoigne d'une contribution physique accrue et réussie à la couverture de la demande.
Pourtant, cette abondance s'est traduite par un effondrement de sa valeur économique :
Cette situation, qui contraste fortement avec le mois d'août où le prix de capture éolien (55,19 €/MWh) était quasi équivalent au prix SPOT moyen (55,30 €/MWh), indique que l'éolien a produit massivement aux mauvais moments pour la rentabilité, ce qui pénalise directement l'économie de la filière.
Le solaire a également fait face à des difficultés de valorisation, exacerbées par un recul naturel de la production en fin de saison estivale.
Le prix de capture solaire a continué sa tendance baissière pour atteindre seulement 23,68 €/MWh.
La raison structurelle de cette sous-valorisation persistante, qui place le prix solaire en dessous du prix SPOT moyen et du prix de capture éolien, est la simultanéité de la production sur l'ensemble du territoire à midi. Cette injection massive et synchrone tend à saturer le marché sur les créneaux de la mi-journée et tire spécifiquement les prix à la baisse.
Le mois de septembre 2025 confirme une maturité incontestable pour le marché spot, avec un prix moyen extrêmement bas qui procure une stabilité tarifaire aux consommateurs.
Toutefois, la forte dévaluation de l'éolien met en lumière un défi de valorisation critique. Le marché signale que l'intégration croissante des renouvelables n'est pas encore parfaitement harmonisée avec la demande.
La conclusion à tirer est l'impératif de renforcer la flexibilité, la digitalisation et l’intelligence des réseaux. Ces outils (stockage d'électricité, effacement piloté, interconnexions) sont cruciaux pour lisser les fluctuations des prix et garantir que l'électricité verte soit injectée (ou stockée) en phase avec les besoins réels du système et les périodes les mieux rémunérées.
Ce contexte incite fortement les développeurs de projets et agrégateurs à affiner leurs stratégies de valorisation. La préservation de la rentabilité économique des acteurs impliqués dépend plus que jamais de leur expertise technique pour mieux gérer et ajuster les flux de production.