Énergie

Insights de juillet : que s'est-il passé sur les marchés de l'énergie ?

Juillet 2025 : prix spot électricité stable à 60€/MWh, éolien performant et quasi-disparition des prix négatifs. Analyse du marché énergétique français.


En juillet 2025, le marché de l’énergie a montré des signes très encourageants de stabilisation après une période de deux ans marquée par des fluctuations importantes des prix et de vives tensions sur l’approvisionnement.

Cette période estivale se distingue par une stabilité bienvenue des prix spot de l’électricité, fixés autour de 60 €/MWh. Ce niveau modéré est à la fois un soulagement pour les consommateurs et un signal positif pour les professionnels du secteur, car il témoigne d’un meilleur équilibre entre l’offre et la demande, soutenu par la montée en puissance des énergies renouvelables, éolien en tête.

À cela s’ajoutent des conditions météorologiques favorables et une demande d’électricité modérée, portée par la période des vacances et des températures sans excès. Ce contexte a permis d’éviter les pics de consommation responsables des flambées de prix par le passé.

Dans cet article, nous analysons en détail les principaux indicateurs du marché spot en juillet : stabilité des prix, volatilité contenue, poids des renouvelables et événement marquant du mois : la quasi-disparition des prix négatifs.

Prix SPOT moyen : retour à la normale

Le prix SPOT joue un rôle capital sur le marché de gros de l’électricité car il détermine le prix du mégawattheure (MWh) échangé en temps réel ou à très court terme sur les principales places de marché européennes, telle l’EPEX SPOT. En juillet 2025, le prix SPOT moyen s’établit à 59,61 €/MWh. Cette valeur illustre une stabilisation très nette par rapport aux années tumultueuses où la France a pu connaître des prix SPOT dépassant 350 €/MWh (2022), conséquence directe de la crise énergétique mondiale et de contraintes sur la production (nucléaire, gaz, etc.).

Cette stabilisation ne relève pas d'un joli hasard, mais d’un ensemble de facteurs convergents. D’abord, la production renouvelable affiche une belle dynamique, encouragée par l’éolien qui a pu fournir une part croissante de la demande.

Ensuite, le mois de juillet, grâce aux vacances et à une météo clémente, a limité la consommation globale, évitant tout emballement de la demande. Enfin, la gestion des réseaux électriques s’est considérablement professionnalisée, facilitant l’intégration des énergies intermittentes et anticipant mieux les déséquilibres potentiels, réduisant ainsi la tension sur les prix.

Pour tous les acteurs, cette stabilité est bienvenue : les fournisseurs bénéficient d’un environnement prévisible pour bâtir leurs offres, les agrégateurs peuvent planifier leurs stratégies de valorisation et les producteurs renouvelables, notamment éoliens, valorisent au mieux leur électricité injectée dans le réseau.

Une volatilité et un spread intra-journalier en repli

La volatilité des prix, mesurée par le spread intra-journalier (l’écart entre le prix maximal et le prix minimal enregistré chaque jour), est un indicateur clé de la stabilité ou de la nervosité du marché. Un spread important peut révéler, selon le contexte, soit des tensions (manque d’offre sur certaines heures), soit des excédents de production (renouvelables en surperformance). En juillet 2025, le spread maximal a été de 169,47 €/MWh, en baisse par rapport au mois précédent, illustrant une volatilité globalement maîtrisée.

Cette diminution traduit plusieurs évolutions positives. Le développement des moyens de flexibilité (effacement, stockage, pilotage intelligent de la demande) permet de lisser les fluctuations. La gestion fine des importations/exportations avec les pays voisins et l’amélioration des réseaux d’interconnexion participent également à absorber les pics et creux de production, surtout pour l’éolien et le solaire.

Ce spread modéré est un signal fort pour les industriels et entreprises : la prévisibilité des prix simplifie la gestion des achats d’énergie et sécurise la rentabilité des projets d’investissement dans le digital, l’agrégation ou la production décentralisée. Pour les exploitants, c’est également l’opportunité de mieux arbitrer entre stockage, injection au réseau ou modulation de leur production.

Le dynamisme des renouvelables : focus sur l’éolien

L’année 2025 confirme la montée en puissance des énergies renouvelables dans le mix français, avec un mois de juillet à forte dominante éolienne. Les chiffres sont parlants : taux de capture éolien à 86,8 % (très élevé), facteur de charge atteint 17,76 %, et taux de couverture à 11,43 %. Ces indicateurs révèlent une production continue, particulièrement valorisée lors des heures où le marché spot affichaient les meilleurs prix.

Mais pourquoi cet écart avec le solaire ? Si le solaire affiche une activité dynamique en juillet, son taux de capture (70,18 %) et, surtout, son prix capturé (41,83 €/MWh) restent en retrait par rapport à l’éolien. Cela s’explique en partie par la simultanéité des productions solaires à l’échelle nationale – toutes les installations injectent quasi au même moment, ce qui tend à faire baisser les prix sur ces plages horaires. À l’inverse, l’éolien bénéficie d’une répartition plus étalée sur la journée et sur le territoire, ainsi que de meilleures périodes de valorisation.

Cette configuration est un atout pour la transition énergétique : elle permet de garantir un approvisionnement décarboné tout en préservant la rentabilité économique des acteurs impliqués. Les développeurs de projets et agrégateurs peuvent ainsi faire valoir leurs expertises techniques pour accompagner la gestion de ces flux renouvelables et ajuster leurs modèles d’affaires.
Le dynamisme des ENR, et particulièrement de l’éolien, contribue ainsi très concrètement à la stabilité globale du marché spot.

Particularité du mois : une quasi-disparition des prix négatifs

Le phénomène marquant de ce mois de juillet 2025 est la quasi-disparition des prix négatifs sur le marché spot : seules 0,8 % des heures ont enregistré des prix inférieurs à zéro, contre 15 % en juin. Les prix négatifs, souvent synonymes d’excédent brutal d’offre renouvelable (fort ensoleillement couplé à du vent, demande basse), posent d’importants défis à la gestion du système.

Comment expliquer cette forte réduction ? Plusieurs éléments se combinent : d’abord, la flexibilité s’est renforcée via l’effacement, le stockage d’électricité et une meilleure anticipation des pics de production renouvelable. Les capacités d’exportation vers les pays limitrophes ont aussi permis d’écouler les excédents. Enfin, les comportements de consommation évoluent : électromobilité, autoconsommation, industries consommatrices pilotant mieux leur demande.

Résultat : une stabilité accrue pour l’ensemble des acteurs du marché et une meilleure valorisation de chaque MWh renouvelable produit.

Cette évolution est déterminante : elle prouve que l’intégration massive des renouvelables dans le système énergétique est compatible avec une stabilité tarifaire, à condition de renforcer la flexibilité, la digitalisation et l’intelligence collective de nos réseaux.

Conclusion

Le mois de juillet 2025 s’impose comme un jalon de maturité pour le marché spot français : stabilité des prix, maîtrise de la volatilité, renouvelables parfaitement intégrés et quasi-disparition des prix négatifs. Ce contexte crée les meilleures conditions pour l’innovation digitale, l’investissement dans de nouveaux moyens de production et pour la construction d’un système électrique bas-carbone et résilient.

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