ÉNERGIE

Insights d'octobre : que s'est-il passé sur les marchés de l'énergie ?

Analyse du marché SPOT d'octobre 2025. Découvrez comment le solaire a atteint 96,35% de valorisation, signalant l'impératif de la flexibilité énergétique.


Le contexte du marché SPOT : Le retour à une valeur stabilisée

Le marché de l'électricité a connu en octobre 2025 un mois marqué par la consolidation et le réajustement des prix après une période de déflation intense. Le prix SPOT moyen, qui est l'indicateur fondamental du coût du MWh sur les marchés de court terme, s’est établi à 58 €/MWh en octobre. Ce niveau est extrêmement significatif car il symbolise la fin de la chute des prix observée juste avant.
 
Il est essentiel de se souvenir que le marché avait connu en septembre 2025 son point le plus bas de l’année, avec un prix moyen de 38 €/MWh, marquant alors une "déflation tarifaire aiguë". Le prix d'octobre (58 €/MWh) montre donc un net rebond, s'éloignant de ce creux historique et confirmant le retour du marché à une valeur plus structurelle. Il faut contextualiser ce chiffre : il reste extrêmement éloigné des 394 €/MWh enregistrés en septembre 2022, période marquée par le pic de la crise énergétique mondiale, ce qui témoigne d'une maturité et d'une résilience retrouvée pour le système électrique.
 

Maîtrise de la volatilité et des surplus

La stabilité du marché en octobre 2025 ne se lit pas seulement dans le prix moyen, mais aussi dans sa capacité à gérer les moments d'excès et de pic de consommation, démontrant une maturité accrue. Concernant les extrêmes, le prix SPOT maximum a atteint 157 €/MWh. Ce niveau de prix maximal montre une capacité du système à contenir les flambées tarifaires, souvent associées aux pics de consommation non anticipés.

Le phénomène des prix négatifs, qui se produit lorsque l’offre excède brutalement la demande, a été moins intense qu'auparavant. En octobre 2025, le prix SPOT minimum a été de -2 €/MWh. Surtout, la fréquence des épisodes de surplus a continué de diminuer : le marché n'a enregistré que 20 heures à prix négatifs en octobre. Cette réduction s'inscrit dans une dynamique positive, faisant suite aux 23h enregistrées en septembre et au pic de 62h en août 2025. Bien que les prix négatifs témoignent de déséquilibres ponctuels, l'atténuation de leur intensité – passant d'un minimum de -52€/MWh en septembre à -2 €/MWh en octobre – suggère que les mécanismes de flexibilité ont mieux absorbé les excédents de production (nucléaire et renouvelable).

Le paradoxe de la valorisation des renouvelables en octobre 2025

L'analyse de la rentabilité des filières de production renouvelable révèle des dynamiques très contrastées en octobre, soulignant une tension croissante entre la performance physique et la performance économique. La performance économique se mesure par le prix de capture, soit le prix moyen effectivement obtenu par la filière pour l'électricité qu'elle injecte sur le réseau.

La performance spectaculaire du solaire

Le solaire a réalisé en octobre une performance économique remarquable, se distinguant fortement de sa tendance précédente. Son prix de capture s’est établi à 55 €/MWh. Le taux de capture solaire a atteint 96 %. Ce pourcentage signifie que le solaire a valorisé sa production à un niveau quasiment équivalent au prix SPOT moyen du mois (58 €/MWh).

Ce résultat est d'autant plus significatif qu'il contraste avec la situation de septembre, où le prix de capture solaire avait chuté à seulement 24 €/MWh. La sous-valorisation structurelle du solaire est souvent causée par la simultanéité de la production à midi, ce qui sature le marché et tire spécifiquement les prix à la baisse sur ces créneaux. Le taux de capture élevé d'octobre suggère que la production, dont le facteur de charge était de 17,48 % avec un taux de couverture de 10,97 %, s’est mieux alignée, même de manière conjoncturelle, avec les besoins du marché, garantissant une rémunération quasi optimale.

Le redressement relatif de l'éolien

L’éolien a également vu sa valorisation s'améliorer en octobre, mais dans un contexte de production physique moindre. Le prix capturé éolien a atteint 49 €/MWh, pour un taux de capture de 84,60 %. Le facteur de charge éolien s'est établi à 13,18 %, avec un taux de couverture de 5,09 %.

Cependant, la signification de ces chiffres réside dans le contraste avec le mois précédent. En septembre 2025, malgré des conditions physiques très favorables pour l'éolien (facteur de charge à 20,94 %), l'abondance avait conduit à un effondrement de sa valeur économique : le prix de capture éolien s'était effondré à seulement 27,50 €/MWh. Ce prix était alors très nettement inférieur au prix SPOT moyen de septembre (38 €/MWh). L'explication de cette dévaluation massive résidait dans le fait que l'énergie éolienne était majoritairement injectée sur le réseau durant des heures où l'offre était excédentaire. En octobre, le facteur de charge plus faible (13,18% contre 20,94% en septembre) a probablement permis de limiter les injections aux moments de saturation, améliorant ainsi la rémunération relative de l'éolien (84,60% de taux de capture).

L'impératif de la flexibilité : le signal du marché

L’analyse d'octobre 2025 confirme un point essentiel : la maturité du marché. Avec un prix moyen qui retrouve une stabilité, la rentabilité des producteurs d'énergies renouvelables est plus que jamais liée à leur capacité à répondre aux besoins exacts du système. Même si le solaire a montré une excellente performance économique en octobre (96,35 % de taux de capture), la dévaluation passée de l'éolien en septembre révèle un important défi de valorisation.

Le marché signale qu'il est impératif de renforcer la flexibilité, la digitalisation et l’intelligence des réseaux pour que l'intégration croissante des renouvelables s'harmonise parfaitement avec la demande. Des outils comme le stockage d'électricité, l'effacement piloté et les interconnexions sont cruciaux pour lisser les fluctuations des prix et garantir que l'électricité verte soit injectée - ou stockée - en phase avec les périodes les mieux rémunérées. Ce contexte incite fortement les développeurs de projets et les agrégateurs à affiner leurs stratégies de valorisation, car la préservation de leur rentabilité économique dépend désormais de leur expertise technique pour mieux gérer et ajuster les flux de production.

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